Si nous avons tenu à faire escale au Cap Vert, c’est pour découvrir un archipel trop peu connu à notre goût ! L’archipel compte 10 îles. C’est sur les iles sous le vent, les îles Barlavento : Sao Vicente, Sao Antao, Santa Luisa, Boavista que nous nous sommes arrêtés pour découvrir la gastronomie d’un pays où le « No stress » est élevé en devise national. C’est à Mindelo, à Sao Vicente, capitale musicale, que Sail Eat fait ses premières découvertes. Diogo Gomes, navigateur portugais, découvre ces îles en 1460, inhabitées lors de sa découverte, chaque flux d’immigration, portugaises, européennes, africaines ont apporté avec eux leur culture culinaire. Le climat et le manque de végétation en faisait des îles peu chaleureuses. Il a fallu dans un premier temps amener des produits alimentaires des pays d’origine et dans un second temps introduire des plantes comestibles. C’est principalement grâce aux influences portugaises et africaines que la culture et la gastronomie se sont formées.
Santo Antão : l’île nourricière
C’est par temps calme que nous avons pu mouiller, sur l’île de Santo Antão, au sud-ouest, dans la petite oasis isolée de Tarrafal. Les habitants ont historiquement su tirer profit de cette vallée exceptionnellement humide, en aménageant terrasses et « llavades » (canaux d’irrigation). La vallée deviendra nourricière et produira une part importante des fruits et légumes consommés sur l’île et l’archipel du Cap Vert. Rouille, cap-verdien, qui détient plusieurs parcelles de terre dans cette vallée sera notre guide. Dans la vallée, l’atmosphère y est « suuuuave », façonnée par les paysans ils ont créé ici un paysage comestible. Canne à sucre, patates douce, manioc, igname, fruits exotiques…Nous comprenons très vite qu’elle est le fruit d’un labeur quotidien. Le travail y est méticuleusement réalisé. Des murets de pierres, dressés avec précision, divisent les parcelles et retiennent les terrasses. Nous suivons les chemins, tracés par le système d’irrigation, des serpentins, qui nous conduisent peu à peu aux étages cultivés, puis au village le plus haut de la vallée. Pendant notre ascension, nous croisons des femmes qui évoluent le plus naturellement du monde, avec des tongs aux pieds et un seau d’igname en équilibre sur la tête. Ou comment se sentir en deux secondes suréquipées…
Le Grogue :
Depuis quelques années, la canne à sucre représente une part croissante des exploitations. Elle est utilisée pour produire le « Grogue », le rhum local. Il est généralement consommé localement, très peu vieilli ou à la sortie de l’alambic. Le grogue de Santo Antão est le plus réputé de l’archipel du cap vert. Cette alcool local est bu avec ou sans modération dans tout l’archipel. Il peut être préparé et accompagné de concentré de canne à sucre, « le punch de mel », des fruits locaux comme le tamarin, « le punch de tamarino »…les mélanges sont variés. Il y a une version plus radicale, le « stemperot », mélange de punch et de grogue. Cela peut convenir à encaisser une défaite de foot lors d’une 3 troisième mi-temps festive, ou refaire le monde avec David et nos amis de la Mar Tranquilidad.
La cuisine populaire :
Il est difficile de décrire l’ambiance ici à Tarrafal, mais c’est pour profiter de cette parenthèse hors du temps que nous sommes restés plus longtemps et très vite, nous nous faisons des amis Maki, Rams, Gilles…avec eux nous découvrons la cuisine populaire. Le principe de base consiste à cuire tous les ingrédients dans la même marmite, un peu à la fortune du pot, en une seule cuisson. Nous appellerons ça la « Mixture ». Les produits sont frais, la recette est simple et c’est bon, très bon ! En réalité, ces plats sont les « guisadas » des plats de viandes ou de poissons avec un ou deux légumes et du riz, ou les « caldas » de riches bouillons de poissons ou viandes et de légumes avec ou sans riz. Ce qui est pratique avec cette méthode de cuisson, c’est qu’il suffit d’un feu et d’une marmite. C’est donc sur les hauteurs du village, que nous improviserons une cuisine et dégusterons, poissons frit à l’ail, et une guisadas à « la gaillette » (bonite). Pour accompagner ce repas… du grogue évidemment ! 1 litre troqué contre une bonite de 8 kilos idéal pour la digestion !
Boa Vista : Miss Boavista & Cachupa
Une légende raconte qu’une partie du Sahara se serait détachée pour former cette belle île de Boavista. Dunes de sable blanc, paysages arides, palmiers, dattiers…C’est un tout autre décor ! Ce qui est sûr c’est que l’influence du continent africain sur la gastronomie se retrouve dans nos assiettes. Venus des côtes africaines, le maïs et le riz sont les ingrédients principaux de la cuisine cap-verdienne. Le maïs, fleur qui s’est particulièrement bien adaptée aux conditions climatiques de l’archipel est le principal ingrédient du plat national : La Cachupa. Plat également international. Les cap-verdiens détiennent le record du monde avec une recette d’environ 6 tonnes. « Champion mon frère !» Particulièrement nutritif, c’est un plat quotidien.
François, installé sur l’île depuis quelques années, gère une guesthouse. Il met du cœur à l’ouvrage. La Boaventura, est un lieu de rencontre « No Stress », au cœur du village de Sal Rei. Ici nous rencontrons, Monica, une magnifique cap-verdienne avec qui nous réaliserons la cachupa. Monica n’est pas qu’une chef, c’est aussi Miss Boavista. Nous sommes très attentifs…
Maïs blanc, haricot blanc, haricot rouge, des légumes selon leur disponibilité, du porc salé, lard frais, boudins, chorizo. Les ingrédients sont riches, et la préparation demande un long temps de cuisson. Nous prenons notre temps…La cachupa est vu comme un élément clé de l’identité du pays et reflète le savoir-faire cap-verdien. La recette peut varier selon les îles, les finances des gens, et la disponibilité des produits. Autrefois, elle symbolisait la pauvreté de l’archipel mais elle est toujours présente sur la table des cap-verdiens, du petit déjeuner au dîner. Avec Monica, nous la préparons pour le dîner et nous en garderons donc pour les lendemains. Le soir nous servirons la cachupa en ragoût avec son bouillon parfumé à nos ami(e)s de la Boaventura. François, Leila, Amandine, kiki, les chamoniards…tout le monde se sert de cette « super-soupe » dans une assiette creuse…Le grogue n’est jamais très loin, la soirée est conviviale et « no stress » !
Le lendemain matin, nous sommes donc de retour en cuisine pour préparer la cachupa guisada. La cachupa de la veille est mis à sauter dans une poêle afin de la faire frire. Cette préparation croustillante est servie avec des œufs sur le plat. Rien de tel pour commencer une journée sportive avec l’équipage de Karemo. La baie de Sal Rei nous offre un terrain d’eau magnifique pour s’initier au kite et à la planche à voile… Demain, les préparatifs de la Transat’ commenceront, avec le ravitaillement de la cambuse !