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Tahiti – Sans sucre ajouté !

By novembre 19, 2019novembre 21st, 2019Eat

«Vous voulez maigrir ? Mangez trois repas par jour, ne mangez pas entre les repas… » « Evitez les aliments trop gras… ».
La présence de ces affichettes à Papeete peut prêter à sourire. Le message parait un peu en décalage avec les normes alimentaires de certaines îles. Mais Gauguin aujourd’hui tire la gueule. Ses belles vahinés ont pris du poids.

Ici au Paradis, le taux d’obésité est sur le podium mondial. (en 2016, 7 Polynésiens sur 10 souffraient de surpoids – Direction de la Santé en Polynésie) Malheureusement, la Polynésie est la région la plus touché au monde devant les américains. Mais comment en est-on arrivé là ?

Le 25 mars 1886, un trois-mâts s’engage dans la passe de Papeete. Le port se réveil et s’anime. Le Ferdinand Blum parti de Hong Kong mouille l’ancre et débarque hommes et nouvelles marchandises, le sucre et le riz. C’est le début d’une nouvelle vie pour ces pauvres paysans du Kwantung. Il s’agit de Hakkas pour la plupart d’entre eux, recrutés pour travailler dans les plantations. La cuisine chinoise de Tahiti est intimement liée à l’histoire de leur immigration. Si certaine recette Hakkas ont conservé leur caractère original, d’autres se mettent au goût du jour; sucrées et gras comme le Chao Men*. Plat devenu bouc émissaire de la malbouffe, comme le burger chez nous. Le sucre depuis se répand comme une trainé de poudre. Le Chef François BRUNO nous confie « Dans les restaurants, je suis obligé de commander mon poulet fafa** sans sucre ajouté, il y a un réel problème, et les enfants ne sont pas épargnés… ».

Dans les années 60, la France installe le Centre d’Essai du Pacifique, et bombarde d’un seul coup le modèle alimentaire. L’argent injecté contribue à une monétarisation de l’alimentation et l’autoproduction alimentaire se réduit laissant la place aux produits importés : pizzas, poulets, steaks surgelés sauce roquefort, sodas…La malbouffe s’installe. A Tahiti, Raiatea et Moorea notamment, les « roulottes » et les snacks se développent. A leur contact, l’alimentation élément conditionnant l’état de santé des polynésiens évolue.

36% des enfants entre 7 et 9 ans sont aussi en surpoids. Et BOOM ! «… Les fruits abondent ici, mais ils partent à l’école avec un casse-croûte de Chao men et une canette, il y a un travail à faire auprès des jeunes… ».

Les pouvoirs publics ont-ils pris la mesure du phénomène ? Une circulaire datant de 2011 a pour objet : «Amélioration de l’alimentation en milieu scolaire», c’est un guide de recommandation pour les établissements. Peut mieux faire. A vu le jour en 2017, le Village de l’Alimentation et de l’Innovation  afin de promouvoir des comportements alimentaires sains et durables. Est-ce suffisant ?
Nous ne pouvons qu’encourager ces quelques initiatives. C’est de l’acquis que se fortifie l’envie des bonnes choses de la terre et de la mer. L’éducation alimentaire est primordiale et commence dans les farés. Sinon…BOOM !

Pour info culinaire :

*Le chao men est un plat de nouilles sautés avec des crevettes, du poulet mais aussi des petits légumes. Peut-être consommé en casse-croute (dans du pain) dès le petit déjeuner.

**Le poulet fafa, une autre grande spécialité de Polynésie est un mélange de poulet mariné avec du lait de coco et du fafa une sorte d’épinard locale.

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